Le Domaine de Segrez
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"Voir un lieu une fois - comme Segrez- peut laisser un souvenir plus important que d’en voir un autre, mille fois." Marcel Proust (Dans ses correspondances)
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L'histoire de Segrez
André Haudry, seigneur de Soucy , Fontenay, Janvry, de Segrez et autres lieux, est un fermier général du XVIIIe siècle né le 7 novembre 1688.
En 1733, André Haudry acheta le fief de Segrez. Il transforma un « grand logis en forme de pavillon » en un « château en grès crème d'un étage sur la cour et deux sur le jardin » qu'il loua à vie au printemps 1748, au marquis d'Argenson, ministre des affaires étrangères de Louis XV. Celui-ci reçoit à Segrez les encyclopédistes (Voltaire, d’Alembert, Condillac , Diderot….) . Le marquis d’Argenson y organise aussi en 1752 une fête royale en l’honneur de Monseigneur le Dauphin.
Après le marquis d’Argenson, Segrez revient à Mme de Montullé, la fille d'Haudry de Soucy. Celle-ci le loue au comte de Blot. C’est à son épouse que l’on doit la grotte de style pittoresque d’où jaillit une source claire et abondante. Il est probable que ce soit elle aussi qui ait planté vers 1782 les cyprès chauves et les tulipiers.
Alphonse-Martin Lavallée, cofondateur de l’Ecole centrale de Paris acquiert Segrez en 1856.
Son fils, le célèbre Alphonse-Pierre Lavallée, passionné de plantes introduit à partir de 1857 la totalité des plantes connues à l’époque pouvant vivre sous le climat de la région parisienne. Lavallée fait venir des botanistes du monde entier et correspond avec eux. Il regroupe les arbres par familles dans des « Ecoles ». La « Nouvelle Ecole » qui était située entre les faux de Verzy et le tennis actuel, remontait en triangle vers le village et était divisée en 12 carrés et les 600 plates-bandes offraient une promenade botanique de 5 km ! L’arboretum de 26 hectares devient le plus important d’Europe, avec 6 500 taxons, un herbier et une bibliothèque de 12 000 livres (dispersés aujourd’hui).
La famille Picard reprend la propriété en 1954 pour lui redonner son lustre d’antan après les dégradations subies pendant la guerre. Franklin Picard, botaniste reconnu, s’attache à créer la troisième génération d’arboretum Segrezianum, celle de la fin du XXème et du début du XXIème siècle.
Tous espèrent valider l’appréciation de Marcel Proust , en visite à Segrez : "Voir un lieu une fois -comme Segrez- peut laisser un souvenir plus important que d’en voir un autre, mille fois."